Après-bal : Cocktail gagnant

22 mai 2025 - Philippe Marois

Si le bal incarne la classe et l’élégance, l’après-bal doit-il forcément rimer avec alcool? Depuis quelques années, une nouvelle tendance s’installe. Ici comme ailleurs, les ados consomment moins d’alcool que la génération précédente.

En 2022-2023, 47 % des élèves du secondaire avaient déjà consommé de l’alcool. En 2010-2011, c’était plutôt 60 %.

Les jeunes délaissent peut-être l’alcool pour d’autres substances, comme le cannabis? Mauvaise piste. Leur consommation de drogues est aussi en baisse. Seul le vapotage a augmenté au cours des dernières années.

Respect!

Plusieurs hypothèses expliquent cette baisse de consommation. La première? La socialisation par écrans interposés! «De nos jours, on se rassemble moins souvent en personne, alors que c’est généralement durant les partys qu’on consomme de l’alcool», soutient Jacinthe Brisson, conseillère scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec.

La deuxième hypothèse? Selon la spécialiste, on semble être davantage capables de dire non quand d’autres nous invitent à consommer. Une belle preuve de confiance en soi!

C’est le cas de Noah, 16 ans, qui préfère les boissons non alcoolisées lors de soirées entre ami∙e∙s. «Je ne trouve pas de plaisir à boire de l’alcool, ça ne m’apporte rien. Les autres ne comprennent pas vraiment pourquoi je fais ce choix-là, mais ce n’est pas mal vu. Ils ne me dérangent pas avec ça.»

Cerveau éponge

Chez les jeunes, la consommation d’alcool peut entraîner des conséquences plus graves. Si la majorité est atteinte à 18 ans, le cerveau, lui, continue de se développer jusqu’à 25 ans.

Une consommation régulière d’alcool, ou même quelques épisodes de «calage», peut affecter cette période cruciale du développement.

Intoxication risquée

La consommation d’alcool n’est pas sans risque. Il faut le rappeler : l’état d’ébriété est une intoxication du corps.

L’alcool contient une substance toxique, l’éthanol, qui atteint le cerveau quelques minutes après son ingestion. Au début, cela entraîne la production de dopamine et de sérotonine, des molécules associées à un sentiment de bien-être.

On est un peu «pompette», on rit, on gagne en confiance… Mais plus les verres se vident, plus l’éthanol nuit au fonctionnement du cerveau : étourdissements, difficulté à parler, pertes de mémoire… L’estomac peut chercher à renvoyer son contenu. Un mal-être désagréable se propage dans le reste du corps. Bref, la classe!

Jeu dangereux

«Dans les partys où je vais, il y a souvent beaucoup de jeunes qui boivent abondamment, continue Noah. Je pense que c’est un peu pour ressembler aux autres, pour se saouler ensemble.»

Plus on boit l’alcool rapidement (le binge drinking), plus notre foie peine à éliminer l’éthanol. Celui-ci s’accumule dans notre sang, nos tissus et notre cerveau. Il atteint parfois un niveau dangereux pour notre santé et même notre vie.

Ces effets durent toute la soirée (et même le lendemain). À long terme, une consommation d’alcool, même modérée, peut avoir des impacts importants sur notre santé. Il n’y a aucune consommation d’alcool sans risque. À chacun, chacune de faire ses choix en conséquence.

Le goût de la modération

Depuis plusieurs années, des campagnes insistent sur l’importance de la consommation responsable, notamment dans les écoles. Elles sensibilisent aux risques de l’alcool au volant et elles proposent même des boissons sans alcool.

«Les normes sociales, c’est long à changer, poursuit Jacinthe Brisson. Mais les efforts finissent par porter fruit.»

Cocktail gagnant

Si vous voulez chouchouter votre précieux cerveau en développement, l’idéal est de ne pas boire d’alcool du tout. Mais on le sait, l’attrait de la fiesta existe…

Vers la fin du secondaire, plusieurs ados consomment de l’alcool. Selon Audrey-Ann Lecours, coordonnatrice clinique chez Action Toxicomanie, l’habitude s’installe souvent autour de 15 ans : «À cet âge, on vit plusieurs premières fois. Le premier party, la première relation amoureuse… On a plus de liberté.»

Comment consommer de l’alcool de façon responsable?

• En parler avec un·e adulte pour bien planifier la soirée et le retour.
• Manger (on ne boit pas l’estomac vide).à
• Boire graduellement.
• Éviter les jeux d’alcool qui poussent à consommer au-delà de votre limite.
• Boire de l’eau (ça réduit la quantité d’alcool qui entre dans votre corps d’un coup = vous avez un meilleur contrôle sur votre état).
• Éviter les mélanges d’alcool ou de substances.

Ces conseils aideront à ce que l’alcool ne vienne pas tout gâcher. Comme le rappelle Audrey-Ann Lecours : «Une soirée mémorable, c’est une soirée dont on se souvient.»

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